4 août 2012

Bravo Nicola !

Aujourd'hui fût un jour très intense, avec le 4ème triathlon olympique féminin de l'histoire (1er en 2000 à Sydney). Et il n'a déçu personne dans le clan suisse, puisque Nicola Spirig a exécuté d'une main de maître ce qu'elle avait planifié, à savoir gagner l'or à Londres. Elle gagne ainsi la 2ème médaille d'or de l'histoire du triathlon suisse aux JO, et ainsi elle est devient également la triathlète de notre pays la plus titrée. J'ai eu l'honneur de participer activement à cet événement en commentant la course à la RTS aujourd'hui.
Je connais Nicola depuis que j'ai intégré l'équipe suisse de triathlon, à savoir depuis environ 16 ans. Je l'ai vu évoluer alors qu'elle était encore une gamine, encore entraînée par son papa. Je l'ai vu gagner des titres chez les juniors, chez les U23, non seulement en triathlon et en duathlon, mais aussi en cross. "Trop de compétitions, trop de disciplines'' on disait à ce moment-là... Puis elle couru chez les élites, mais au début elle n'était pas spécialement impressionnante.  Dur de se mettre dans le rythme des coupes du monde et du niveau qui ne faisait que monter. Puis je me souvient d'une discussion un soir à Madrid, lors d'une coupe du monde, avec Nicola, mon mari Gianni et mon entraîneur de l'époque, Joël, je crois que c'était en 2005, et nous parlions du fameux Brett Sutton, ce controversé et très spécial entraîneur. Elle disait de lui (et nous aussi) qu'elle ne comprenait pas comment des athlètes peuvent accepter de telles charges d'entraînement. Je me souviens encore des ses paroles : "Cela me fascine!"  Je crois qu'au fond de sa tête il y avait une déjà une attirance vers cette structure à gagner. Un jour, elle fit le choix d'intégrer le groupe. Ce choix fut très controversé, critiqué, et évidemment le sujet Brett Sutton-Nicola n'a, depuis, plus quitté les discussions dans la planète "triathlon", d'autant plus que lorsqu'elle a fait ce choix, Nicola sortait à peine d'une première fracture de fatigue. Des informations sortaient sur certaines de ces séances, genre 20 x 800, 40 x 400 à pied, à jeûn le matin, avant une sortie à vélo de 4 ou 5 heures. "Débile!" disent la plupart. Puis, il y a 18 mois, Nicola se blesse à nouveau. Fracture de fatigue, une nouvelle fois. Logique, continuent de dire les mauvaises langues et les bonnes (y compris moi). C'est ce qui arrive tôt ou tard lorsqu'on s'entraîne aussi dur. Puis Nicola revient au milieu de l'été 2011, gentiment mais sûrement. Les séances d'entraînement ne vont pas en diminuant, au contraire. Aucune pause normalement accordée à tout sportif de haut niveau n'est au programme. "Si tu veux être championne olympique, il va falloir travailler encore plus dur", lui dit Brett. Nicola passe de compétitions en stages d'entraînement sans arrêt, même pour se relâcher quelques jours en famille. Là, les langues (dont la mienne) continuent de médire : "Impossible de tenir à ce rythme, elle va se griller". Puis, Nicola réalise début 2012 non seulement tous les critères de sélection olympique, facilement, mais monte en puissance. Gagne tout ce qui bouge. "Trop tôt pour être en forme disent encore certains !"  Et bien non, elle ne se relâche pas, ne tombe pas malade, et gagne à Londres, comme prévu.

Au travers des lignes de mon blog, je tire un gros coup de chapeau à Nicola, à ses choix, à sa détermination, et je dis également bravo à Brett Sutton (avec qui j'avais fait à l'époque quelques séances de natation, sans oser aller plus loin) qui a certainement joué avec le feu mais avec finesse! C'était un pari fou, qui a demandé un acharnement mental énorme, ainsi qu'une acceptation de la douleur hors du commun. Mais il a réussi. Bravo et tout mon respect !

6 commentaires:

  1. Merci pour nous avoir fait vivre la course avec vos commentaires éclairés.

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  2. spirit(g) of london5 août 2012 à 23:06

    Quel sprint échevelé de toute beauté à l'arrivée du triathlon féminin ! Photo-finish : une demi-poitrine pour Nicola Spirig ! et Lisa Norden qui croit avoir gagné...

    Le 10 kil bouclé en 33'40, magnifique spectacle bravo mesdames et viva Nicola !
    peut-on accepter le risque de blessure récurrente et de mettre sa santé en danger en s'entrainant plus que de raison... c'est un choix qui appartient à chaque athlète, un choix de vie en fait : le bonheur ultime ou la dépression qui guette...
    Evoluer sur le fil du rasoir en permanence, combien d'athlètes grillés pour un champion olympique... quand ça passe c'est jackpot, respect Nicola Spirig quelle volonté !

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  3. On espère avoir les commentaires de Magali pour la course des hommes,

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  4. Merci Magali, c'était très intéressant à lire.
    Je pense en doit prendre des risques si on veut devenir l'athlète la plus vite.
    Et j'ai vraiment réjouis le temps avec Brett et sa groupe, c'était une éxpérience extraordinaire!
    merci pour commenter la compétition et pour ton blog
    xx Nicola Spirig

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  5. Hé oui, exactement, Nicola, la prise de risque est souvent ce qui départage les grands champions des sportifs moins titrés. Mais néanmoins le risque doit être mesuré et constamment réadapté. Toi, tu as joué avec des limites extrêmes mais certainement avec une certaine intelligence... Bonne récupération!

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