7 avril 2014

Marathon de Zürich : sentiments mitigés

Au lendemain du marathon, les jambes et le coeur meurtris, mes sentiments sont mêlés d'amertume et de fierté. Mes sensations d'hier m'ont déçues. L'énergie et les forces ont commencé déjà à me lâcher aux alentours du km 16-17. Malgré les derniers 25 km dans le dur, j'arrive à boucler la course encore juste sous la limite pour les CE… pour la 3ème fois, en 2h43'59. Mais c'est hélas 4' de plus que le chrono planifié qui m'aurait évité les discussions et l'incertitude jusqu'à la fin du mois d'avril.

Mon lièvre "Mouss"
Pour me donner les moyens d'atteindre mon objectif et de progresser encore, j'avais pris dès le mois de janvier quelques risques : augmenter un peu le volume d'entraînement, enchaîner des séances difficiles, participer au stage avec Swiss Athletics au Portugal où j'ai pu souvent sortir de ma zone de confort. Les dernières semaines avant Zurich étaient aussi délicates : on enchaîne 1-2 courses de préparation et les séances de 3000-4000m, tout en maintenant un certain kilométrage. C'est la particularité du marathon… Je ne vais pas aller chercher plus loin une explication à mon manque d'énergie précoce. En apparence on se sent bien et reposé, mais le corps vous signale après 1h de course que c'est pas encore tout à fait ça !

Le départ fût un peu mouvementé, pour ne pas dire folklorique, pas typique d'une organisation suisse-allemande ! Pour on ne sait quelle raison soudaine, l'organisateur en personne a commencé à faire reculer tout le monde 20m avant la ligne officielle, et ce, 5' avant le départ, à 8h25 ! Le moment où tout le monde doit être aligné, qu'on règle sa montre, qu'on lace une dernière fois ses chaussures, etc. A ce moment là les élites étaient tous plus ou moins dos tourné par rapport au sens de la course, avec des gens de l'organisation au milieu qui criaient. Moi, en train de me recoiffer, ma montre éteinte, à me demander comme tout le monde ce qui se passait…. et BING, au micro, une voix venue de nulle part, le départ !!

Pour les 2 premiers km, le temps que je connecte ma montre au GPS, je pouvais compter sur mon lièvre Mouss pour me donner le tempo. Il chronomètre 3'20 au premier km, alors que nous étions très facile… Ok, on fait quoi? On ralenti ? Passage au km 2 en 7'07. C'est trop vite !! On ralenti légèrement. Mais je suis très facile. Puis au 3ème km passé en 3'54 on se rend compte que les panneaux des 2 premiers km n'étaient pas au bon endroit…. Après 5km on est enfin dans le "bon" rythme. Passage au 5 et 10km avec une légère avance, sans vraiment être sûr que c'est parce qu'on était trop vite ou parce que les km n'ont pas été marqués correctement. Les 10 km suivants sont réguliers et parfaitement dans le tempo fixé, enfin sereine. Mais rapidement, je ne me sens de moins en moins à l'aise, avec une espèce de lassitude qui me donnent tout le temps envie de ralentir. Je maintiens l'allure jusqu'au semi, nous sommes dans un bon groupe bien compacte. Je peux compter sur Mouss, mon lièvre pour m'aider à prendre mes ravitaillements. Puis, vers la mi-course, un autre gros groupe revient de l'arrière. A l'intérieur, Nicola et Ursula. Leur allure est à peu près celle que j'aurais dû suivre jusqu'au bout. Mais à ce moment là je me sens faible, et je ne veux pas me forcer à les suivre. A ce moment-là je prends évidemment un gros coup au mental, mais je sais que le marathon ne fait que commencer et je m'efforce d'écouter mes sensations. Je ralenti jusqu'à me "stabiliser" à une allure de +/- 4' au km dès le 23-24ème km. Je me sens faible, incapable de relancer, sauf au prix d'un très gros effort de concentration. Parfois j'y arrive sur 200-300m, puis ça retombe. Je vois que le groupe de Nicola ralenti aussi, car il ne nous prend pas tant de distance que ça. Je m'accroche, avec l'aide de Mouss qui doit souvent se retourner pour me voir… décrocher. Km 30. Le ravitaillement est important. Mouss ne le trouve pas. Pas de bouteille marqué 153. Rien sur la table normalement réservé aux élites. Je ne m'énerve pas, je bois quelques gorgées d'eau, car je sais que j'en avais prévu un aussi au km 33,5. De toute façon mes difficultés ne sont pas liées à  un déficit en glucides ou hydratation - pour l'instant-, mais il ne faudrait pas que ça se rajoute. Km 33,5. Mouss prend de l'avance pour ne pas le rater. Rien. Ma gourde n'est pas sur la table!! On fait quelques dizaines de mètres, et Mouss décide de retourner le chercher. Il réussi finalement à le trouver, dans un carton, sous la table !!!!
Sans mon lièvre Mouss, je ne sais pas si je serais parvenue à finir mon marathon. Moi je n'ai pas eu besoin de varier mon allure donc cet incident n'a eu que peu d'influence sur ma performance. L'arrivée aux alentours du km 37 en ville avec beaucoup de spectateurs me permets de relancer légèrement mon allure, j'arrive à courir légèrement en dessous de 4', mais à coup de gros "coups de pieds au cul". Cela fait 25km que ça dure ! L'arrivée est en vue. Je pensais voir un chrono aux alentours de 2h47-2h48, puis finalement c'est sous les 2h44. Nicola a passé la ligne à peine 1' plus tôt, en proie également à des difficultés sur la fin. C'est finalement Ursula Spielmann-Jetzinger qui termine 1ère suissesse en 2h41'54. Bravo à toutes les 2 !

Maintenant les calculs : Ursula et Nicola réussissent la limite pour les CE, mais le chrono d'Ursula est 5'' plus lent que mon chrono de Frankfut (2h41'49). Je reste donc dans la "hiérarchie" 6ème du classement. Patricia Morceli et Lucia Mayer-Hofmann vont encore tenter la qualification d'ici 2 semaines….. La tâche ne va pas être facile pour les sélectionneurs, sachant que 8 athlètes hommes et 9 athlètes femmes ont déjà atteint la limite ! Réponse 30 avril…..

J'aimerais remercier en particulier mes proches, mon mari, mes enfants, mes parents, ma belle-maman, mes amis et partenaires d'entraînements. Merci Pierre Pompili qui me coache depuis 2006, et qui m'a permis de partager ce marathon avec Mouss (Mustapha Abdelhadi), spécialement venu des Hautes-Pyrennées pour m'aider. Je remercie également mes sponsors, Sporttip, Asics, Fitness Form24. Merci également à Fritz Schmocker, coach national Swiss Athletics. Le marathon reste une belle expérience parfois en solitaire mais aussi souvent une aventure de partages et de travail en équipe.

3 commentaires:

  1. Bonjour Magali,

    Courir un marathon à coups de pied au cul, ça doit faire mal aux fessiers même les plus rebondis...!
    Deux pistes pour tenter de comprendre :
    - à 2h41 tu avais peut-être réussi ta performance de pointe, et 3'45" c'est juste trop rapide sur 42 bornes
    - surentrainement et manque de fraîcheur physique comme tu sembles le penser, le mieux est souvent l'ennemi du bien dans le domaine de la préparation, mais quand on souhaite progresser on essaie de nouvelles choses... sans être certain que l'on va pouvoir assimiler.
    Et c'est vrai que lorsqu'on voit une Christelle Daunay faire une semaine de "repos" à 120 km, et que la plupart des top athlètes courent entre 150 et 200 km par semaine, on se dit qu'il faut en passer par là. Petite interrogation sur le 10 km programmé à J-15, une semaine après le semi... à mon avis cette course n'apportait pas grand chose à part de la fatigue supplémentaire.
    Voilà, tu as essayé, pas de regret à avoir de toute façon, maintenant une Patricia Morceli est très forte elle devrait se situer vers 2h35, ça va être chaud...

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  2. Bravo pour tes perfomances Magali ! Quel courage et motivation tu as encore depuis toutes ces années ! On ne peut être qu'admiratif !

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  3. Merci Franck, commentaires pas tout faux !!

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